1re lecture : Isaïe 40,1-4 ; 6-7 Psaume 28 2e lecture : Actes des Apôtres 10, 34-38 Évangile : Matthieu 3, 13-17 |
1. Si la fête de la Nativité du Seigneur (les 24 et 25 décembre) dévoile en profondeur qui est Dieu en Jésus, en fait quelqu’un d’une simplicité extrême qui vient vers les hommes sans aucun apprêt, sans artifice, dans une totale innocence, la fête du baptême n’est pas mal non plus et va dans le même sens. Dans cette scène entendue à l’instant, où Jésus vient vers Jean-Baptiste, peut-on imaginer que c’est le Fils de Dieu lui-même, Seigneur des seigneurs ? Il se présente devant un simple humain qui a passé beaucoup d’années dans le désert, certes désigné comme prophète et pas des moindres, mais qu’on peut imaginer à bon droit d’être hirsute, pas bien habillé, de plus méprisé et vilipendé par beaucoup à Jérusalem : c’est devant cet homme qu’il se présente, au milieu des autres chargés de leurs péchés. Jean voulait l’en empêcher dit l’Évangile, et disait : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! Humilité et simplicité incroyables de Jésus qui sont empreintes en même temps d’une leçon très forte ; en effet, dès le départ, en se retrouvant au milieu de ce peuple venu auprès de Jean confesser leurs péchés par le baptême, en entrant lui-même dans l’eau du Jourdain, par un geste d’un symbolisme très fort, Jésus manifeste qu’il veut déjà se saisir de leurs péchés pour les noyer au fond de l’eau ; en se retrouvant au milieu de ce peuple de pécheurs, Jésus montrait aussi qu’il est venu en leur faveur et non pas pour les juger ; qu’il est venu non pas pour les purs, ou qui croient l’être, mais pour ceux qui se reconnaissent pécheurs ; pour montrer que leur péché, quel qu’il soit, ne le désarçonne pas, ne le rebute pas puisqu’il est au milieu d’eux.
2. Finalement, toute la vie de Jésus s’est dessinée sur un chemin d’abaissement ; à Noël, il s’est abaissé en descendant du ciel, d’auprès de son Père pour habiter au milieu des hommes ; aujourd’hui, la fête de son baptême est le corollaire de la Nativité, car en venant se faire baptiser dans le Jourdain, tout près de la Mer Morte, à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, et en entrant dans l’eau, Jésus s’abaisse encore, il ne peut aller concrètement plus bas encore : il va le plus bas possible pour trouver l’homme et son péché, pour le relever et le sauver.
3. En bref, dans ce véritable acte de naissance à sa vie publique, Jésus ne vient pas en conquérant, en super-héros. La prophétie du prophète Isaïe entendue dans la 1ère lecture va dans ce sens : J’ai fait reposer sur lui mon esprit (…) Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au dehors, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit… Telle qu’on le connaît par la suite de l’Évangile, Jésus ne fut pas du tout ce genre-là, peut-être comme l’a été par contre Jean-Baptiste, car sa voix était forte, carrée, bien trempée, celle d’un prophète au total. Au contraire, au long de sa vie publique, Jésus fut vraiment le frère universel, serviteur de ses frères, se penchant sur eux avec douceur, se laissant toucher par leurs maladies et détresses physiques et psychiques, ne criant pas, et ne voulant pas attirer outre-mesure l’attention sur lui : on se souvient comme il peut commander à l’infirme qu’il vient de guérir de n’en rien dire à personne, et comment il s’est caché dans la montagne, quand on a voulu le faire roi.
4. Le baptême de Jésus nous reporte à notre propre baptême et à l’importance de ce que nous y avons vécu, pour la plupart d’entre nous, à cause de la volonté de nos parents. Il est alors pour nous acte de reconnaissance ; et un acte d’abandon.
Un acte de reconnaissance par lequel nous confessons que Jésus est le seul qui puisse nous sauver. Le baptême, par le rite de l’eau, du vêtement blanc et de la lumière, nous « greffe » en effet sur le Christ et sur la vie que seul il peut nous donner en abondance. Nous ne pouvons pas nous administrer le baptême par nous-mêmes ! Nous le voyons bien : l’expérience nous montre bien que nous sommes souvent complètement désarmés face au défi de faire le bien. Comme le dit saint Paul dans une formule célèbre : « malheureux homme que je suis, je ne fais pas le bien que je voudrais faire, et je fais le mal que je ne voudrais pas faire ! ». Le baptême, en nous greffant sur Jésus, nous aide à sortir de cette impasse, car il lave notre péché et nous redonne l’espérance.
Mais le baptême est aussi un acte d’abandon en laissant Jésus agir en moi. Je reconnais que j’ai besoin de lui dans cette vie où moi-même je reconnais mon incapacité à vivre selon la règle de l’Évangile.
5. Le jour du baptême de Jésus, la colombe, annonçant la paix que Jésus veut installer dans les cœurs des hommes et femmes de bonne volonté, vient sur lui, et la voix du Père retentit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. Cette phrase a retenti aussi pour nous le jour de notre baptême. Gardons-la comme un trésor toute notre vie.