1re lecture : Malachie 3, 19-20 Psaume 97 2e lecture : 2e lettre aux Thessaloniciens 3, 7-12 Évangile : Luc 21, 5-19 |
1. Guerres, désordres. Nations dressées les unes contre les autres ; tremblements de terre, famines et épidémies… C’est ce qu’annonce Jésus pour un jour à venir, et ce sera la fin du monde.
2. Mais en fait il semble que cela ait toujours existé, et même plus que jamais à l’heure actuelle. Beaucoup de choses semblent complètement désorganisées ; ce qui a « toujours » existé, ce qui semblait solide, indéracinable, est remis en question, balayé. Les piliers de notre société, pour faire vite : le maire, le curé, l’instituteur, sont descendus de leur piédestal ; ce qui faisait autorité, ce qu’on ne discutait pas est maintenant critiqué, parfois même piétiné. Bien malin qui pourrait dire aujourd’hui où est « la » vérité. Autrefois on aurait dit, pour la famille : un père, une mère, cela allait de soi. Mais aujourd’hui avec la loi sur la PMA, on sait comment on peut se passer du père, l’importance de celui-ci dans la construction psychologique de l’enfant est remise en question. Autrefois il y avait « une » vérité, aujourd’hui il semble que chacun a « sa » vérité, et cela cause de véritables désordres.
3. La Parole de Dieu, notre foi aussi, nous promettent l’avènement final du Royaume ; nous allons vers lui ; celui-ci est promesse d’une paix et d’une joie éternelles. Mais comprenons bien que cet avènement ne peut pas advenir sans une transformation de fond en comble. Et c’est à cela que nous assistons, parfois avec plein d’espérance, parfois avec plein d’inquiétude. Des forces s’y opposent ; des combats se livrent, à l’intérieur de nous-mêmes, et au-dehors. C’est même un gigantesque combat, que saint Jean a mis en scène de façon magistrale dans le livre de l’Apocalypse.
4. Au terme, nous promet le Seigneur, ce sera la victoire de l’Agneau, déjà en germe puisque sur la croix, il a vaincu la mort et il est ressuscité. En bon termes de théologie, on dirait : une victoire déjà là puisque par sa résurrection, Jésus a entamé un processus de victoire irréversible ; et pas encore là, puisqu’en vérité, nous ne voyons pas encore que les forces du néant sont vaincues : il y a toujours de la haine, encore des drames et des catastrophes.
5. Alors au lieu de voir que ce qui fait du bruit et qui parfois nous inquiète, ces guerres, ce terrorisme à l’extérieur ; mais aussi à l’intérieur de notre propre pays tous ces conflits sociaux, toutes ces personnes qui se battent les unes contre les autres, voyons-le aussi d’abord comme quelque chose qui a été annoncé par le Christ ; puisque cela a été annoncé, nous sommes donc dans sa main, il ne nous abandonnera pas. Et voyons-le enfin comme un processus nécessaire et vital : pour que le monde nouveau, celui où Dieu règnera en tous, celui où l’Esprit-Saint sera vraiment le maître, comment voulez-vous que d’abord l’ancien, marqué par l’égoïsme, le repliement sur soi, l’orgueil etc. ne disparaisse pas ? Cela suppose plein de craquements, plein de redressements. Il faut qu’il y ait ces bouleversements, c’est absolument nécessaire. Relevez la tête dit encore Jésus, et soyez dans la joie ; quand tout cela arrivera, votre délivrance est proche ajoute-t-il.
6. Acceptons avec foi (car il en faut) de rentrer dans ce bouleversement ; en nous et autour de nous, combattons tout ce qui nous semble aller contre les paroles de vie de l’Évangile, avec la force que nous donne l’Esprit Saint promis par Jésus, lui qui dit dans l’Évangile de ce jour qu’il nous donnera un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Regardons non pas tout ce qui tombe avec fracas, mais tout ce qui naît silencieusement souvent de beau, de bon et de bien autour de nous, parmi les hommes, qu’ils soient chrétiens ou pas, et restons de façon réaliste plein d’espérance. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches