1re lecture : Qohèleth 1, 2 ; 2, 21-23 Psaume 89 2e lecture : Colossiens 3, 1-5 ; 9-11 Évangile : Luc 12, 13-21 |
1. Nous sommes en vacances, il fait beau, peut-être nous avons plus le cœur et la tête à chercher des distractions, à lire ou écouter des choses sans importance… qu’à écouter la Parole de Dieu.
2. Et pourtant, ce matin, nous sommes appelés à la vigilance, cette vigilance qui doit être notre qualité de tous les instants. Vigilance auprès des enfants, vigilance quand nous traversons la rue, vigilance dans nos dépenses, vigilance dans nos relations…
3. Plusieurs points de l’évangile doivent clairement appeler notre vigilance justement ; je prends le premier : La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède… Nous le savons bien : il peut y avoir une course effrénée vers le luxe, vers le bien-être, vers le « tout-avoir », tout-posséder, qui ne rend pas du tout heureux… On peut avoir beaucoup de biens, et être soigneusement, consciencieusement, méthodiquement moqué, raillé, méprisé, traité de « nouveau riche ». Cela ne nous rendra pas du tout heureux, la méchanceté nous guettera.
On peut être riche à souhaits, et même adulé, comme des vedettes de la chanson ou du cinéma, et être profondément malheureux : c’est le choc que l’on ressent à chaque fois qu’on apprend qu’une idole à millions, suivi par des milliers de followers a mis fin à ses jours ; on se demande : mais qu’est-ce qui a pu se passer, elle qui (apparemment) avait tout pour être heureux / heureuse ?
La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’elle possède… C’est quelque chose d’autre qui lui manque cruellement ; nous savons bien que l’important dans une vie, quelle qu’elle soit, n’est pas de posséder, même si un minimum vital est absolument nécessaire, mais l’important sera vraiment dans sa capacité, sa volonté, sa possibilité de donner. Car il y a une véritable joie à donner généreusement, et à se priver pour l’autre. Il y a de la joie à être généreux, et à pouvoir donner à ceux qui n’ont pas eu les mêmes chances que nous dans la vie.
4. Le 2ème point à méditer est la conclusion tragique de cet homme riche de la parabole, riche seulement en vue de lui-même : sa moisson a beaucoup rapporté (il a dépassé les 85 quintaux à l’ha…), et il va construire un grenier plus grand encore, pour mettre tout à l’abri, encore une fois pour lui seulement, lui qui se dit à lui-même : Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence… Là encore, selon les traits caractéristiques des paraboles, le trait est grossi à l’excès : cet homme ne pense vraiment qu’à lui… Oui, mais voilà la conclusion tragique : cette nuit-même, on va te redemander ta vie…
Chers amis, la leçon de la parabole est claire : construisons pour demain. Construisons pour le monde à venir ; préparons et bâtissons le monde de demain. Quel non-sens que cette exploitation actuelle des ressources de la planète qui profite d’abord à un petit nombre aujourd’hui ; et qui appauvrit encore plus ce dont pourra profiter la génération après la nôtre ! L’humanité, à travers les pays riches surtout, risque d’être coupable d’un aveuglement tragique ; et le créateur, si nous n’y prenons pas garde, nous demandera des comptes dans l’au-delà : qu’as-tu fait pour ne pas te rendre solidaire de cette exploitation de la planète au-delà du raisonnable ? qu’as-tu fait pour que tes enfants et petits-enfants puissent en profiter demain comme toi tu en as profité hier et aujourd’hui ?
5. La conclusion est à rechercher dans la finale de l’Évangile : Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu… Cette finale est magnifique ; en effet, le Seigneur n’interdit pas d’être riche (à condition évidemment que cela ne se tourne pas contre soi-même) ; mais ce qui est important, c’est la fin : « en vue de Dieu ». Cette finale permet toutes les hypothèses : qu’est-ce qu’être « riche en vue de Dieu » ? Cela peut vouloir dire que je vais essayer de ne pas être pauvre en connaissance de Dieu : je vais m’instruire sur lui, je vais lire, je vais essayer de connaître la Parole de Dieu, afin de mieux le connaître, et ne pas être un ignorant qui est incapable de justifier de son baptême. Mais aussi être « riche en vue de Dieu », c’est aussi être riche en œuvres bonnes, je vais savoir distribuer mes biens pour que des pauvres, qui n’ont pas eu les mêmes chances que moi en éducation, en amour, puissent grandir dans la dignité, accéder à la santé, et à l’éducation. De manière plus générale enfin, « être riche en vue de Dieu », c’est celui qui aura tellement su exercer la charité avec amour pour ses frères, que lorsqu’il se présentera à son dernier jour, qui pourra être totalement inattendu comme pour le riche de l’évangile, le Seigneur pourra lui dire : C’est bien serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton maître.
Amen
P. Loïc Gicquel des Touches